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Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

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DRSP - Jeux de hasard et d'argent (JHA)

Information générale

Jeux de hasard et d’argent à Montréal

Le terme « jeux de hasard d’argent » (JHA) réfère à l’ensemble des activités où les participants misent de l’argent dans le but d’en tirer un gain, comme par exemple les loteries de Loto-Québec; les jeux au casino; des jeux de cartes tel le poker; les appareils de loterie vidéo situés dans les bars, les paris sur des événements sportifs, etc. Malgré une baisse importante de leur popularité au cours des dernières années, plus de la moitié des adultes montréalais s’adonnent à au moins une forme de JHA. L’accessibilité à des JHA est grande pour la population à Montréal. On retrouve notamment un grand casino, fréquenté en moyenne par 13 000 visiteurs chaque jour, 2000 points de vente de loterie dotés d’écrans promotionnels, ainsi que 3200 appareils de loterie vidéo répartis dans environ 450 sites. Il est également possible pour les Montréalais et les Montréalaises de s’adonner à différents JHA par le biais d’Internet.

Lorsque le jeu devient préjudiciable

S’ils offrent aux opérateurs de sites de jeu et aux pouvoirs publics une source de revenus importante, les JHA suscitent également des préoccupations en raison des impacts préjudiciables qu’ils génèrent dans la population. Ces impacts apparaissent lorsque les ressources essentielles d’un individu en viennent à être affectées par ses comportements de jeu : ressources financières; le temps nécessaire à d’autres fonctions importantes; ainsi que les ressources cognitives. Le jeu peut alors appauvrir significativement le joueur et ses proches, générer d’importants problèmes dans les relations interpersonnelles, la vie professionnelle, ainsi qu’affecter la santé mentale et à la qualité de vie. Dans leur manifestation la plus grave, les problèmes liés au jeu prennent la forme d’un trouble de santé mentale répertorié par l’association américaine de psychiatrie sous l’appellation « gambling disorder » (trouble de jeu). Les impacts préjudiciables des JHA se caractérisent également par le fait qu’ils se répercutent très fortement sur l’entourage du joueur.

Des jeux qui accentuent les excès

Les différents JHA disponibles ne présentent pas tous le même degré de risque pour les joueurs qui s’y adonnent. Par exemple, les loteries à tirage comme la « Loto-Max » et la « 6/49 » sont nettement moins associées à la présence d’excès que d’autres formes de JHA qu’on retrouve dans les casinos, ou encore aux appareils de loterie vidéo (ALV) qu’on retrouve dans les débits de boisson. Parmi les facteurs qui accentuent les risques, on note que la possibilité de jouer « en continu » et la distribution élevée de petits gains, lors du déroulement du jeu, vont inciter le joueur à consacrer davantage de temps et d’argent. Certaines machines à sous sont même programmées pour « maquiller » une perte du joueur en gain; celle-ci émettra par exemple des stimuli visuels et sonores soulignant le retour de un dollar, alors que la mise totale du joueur en était de cinq...

Objectifs montréalais d’ici 2021

Avec la collaboration de nos partenaires du réseau de la santé, des milieux communautaires et scolaires, la Direction régionale de santé publique du CIUSSS-du-Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal a déterminé les objectifs régionaux suivants : 

  • Réduire la proportion de jeunes qui participent à des jeux de hasard et d’argent 
  • Réduire la proportion de jeunes présentant des symptômes de jeu problématique
  • Diminuer les pratiques de jeu préjudiciable dans la population adulte

Statistiques

Participation en baisse

Depuis le milieu des années 2000, on observe une baisse d’intérêt pour les jeux de hasard et d’argent (JHA) tant à Montréal que dans le reste de Québec. 

  • Chez les adultes montréalais, la participation aux JHA est passée de 65 % à 57 % entre 2008 et 2014
  • La participation des adultes montréalais aux JHA est moins élevée que celle observée dans le reste du Québec qui se situait à 71% en 2014
    Source : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes 2013-2014

La baisse d’intérêt pour les JHA apparait être plus marquée chez les élèves fréquentant le secondaire dans l’ensemble du Québec. 

  • De 2004 à 2013, la participation aux JHA est passée de 47 %  à 26 % chez les élèves fréquentant le secondaire à Montréal.
    Source : banque de données de l’ETADJES-2013, ISQ.

Vulnérabilité aux problèmes de jeu et accessibilité aux JHA à Montréal

Les évidences à l’échelle internationale montrent une relation significative entre l’accessibilité aux appareils de loterie vidéo et la présence de conséquences négatives dans la population. La DRSP a par conséquent mené des travaux en vue d’identifier les secteurs montréalais les plus à risque. Des analyses poussées montrent ainsi une relation importante entre la vulnérabilité et l’accessibilité aux JHA à Montréal. Les populations les plus vulnérables ont une accessibilité 6 fois plus importante que celles qui le sont moins. Des recommandations ont été formulées  par la DRSP en vue de réduire l’exposition aux ALV dans les secteurs les plus vulnérables.

  • Accessibilité et vulnérabilité aux JHA à Montréal

Les problèmes liés aux JHA à Montréal

Il est à noter que les indicateurs actuellement disponibles pour évaluer l’ampleur des impacts négatifs des JHA dans la population sont surtout développés autour de la présence de dépendance. Des travaux sont présentement en cours en vue de développer des indicateurs complémentaires qui permettront d’offrir un portrait plus exhaustif des impacts.

Données touchant les adultes

  • Au Québec, près d’un joueur sur dix déclare dépenser trop d’argent ou consacrer trop de temps aux JHA
  • Dans une recherche menée par l’Institut national de santé publique du Québec, 7 %  des répondants déclarent avoir vécu des conséquences négatives en raison de ses habitudes de JHA (finance, travail, santé, relation, ou culpabilité).

Vente, service et consommation d’alcool dans les aires de jeux des casinos

Selon l’indice de gravité des problèmes de jeu (Ferris et Wynne 2001) :

  • 6 % des joueurs montréalais présentent au moins un symptôme de dépendance aux JHA (score de 1 et plus)
  • 3 % des joueurs montréalais ont des habitudes de jeu problématiques (score de 3 et plus)

Source : Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes 2013-2014

Données touchant les moins de 18 ans

Parmi les élèves du 5e secondaire à Montréal :

  • 65 % des joueurs ne présentent aucun critère diagnostic (aucune conséquence négative)
  • 35 % des joueurs présentent un critère diagnostic ou plus
  • 20 % des joueurs présentent deux critères diagnostics ou plus (habitudes de jeu problématiques)

Ces statistiques nous indiquent, que lorsqu’un adolescent s’adonne à des JHA, les probabilités que des conséquences négatives y soient associées demeurent assez importantes.

Statistiques complémentaires : ETADJES-Montréal, JHA, Biron 2015

Programmes et interventions

Les pratiques de JHA dans la population sont influencées par trois grands facteurs :

  • les caractéristiques du jeu : la nature des différents JHA disponibles 
  • les caractéristiques liées à l’environnement : accessibilité des JHA, publicité, contexte de jeu, etc. 
  • les caractéristiques individuelles : traits de personnalité, attitude et croyances face aux JHA, etc.

Il est donc théoriquement possible d’organiser la prévention des problèmes liés aux JHA à partir de ces trois grands facteurs. C’est cependant la synergie créée par la convergence d’initiatives complémentaires qui augmente le potentiel d’efficacité de la prévention dans les milieux.

Interventions selon le type de facteur

1. Intervenir sur les caractéristiques du jeu (type de jeu)

Il serait par exemple possible de diminuer une part des risques associés à certaines activités de JHA en calibrant différemment des paramètres comme le taux de remises accordées aux joueurs, ou encore la programmation des appareils de loterie vidéo.

2. Intervenir sur les caractéristiques liées à l'environnement

Les politiques publiques encadrant les JHA présentent un levier important pour limiter les impacts négatifs. Quelques exemples concrets nous sont donnés par :

  • L’application des règlements sur la limite d’âge légal pour participer aux JHA (18 ans et plus au Québec)
  • L’application de restrictions sur les heures d’ouverture des sites de jeu 
  • L’application de critères démographiques pour diminuer la concentration de l’accessibilité dans des zones sensibles 
  • Des restrictions sur la promotion des JHA, comme on en trouve pour de la vente de produits du tabac, sont des avenus possibles. 

L’avancement et la diffusion de connaissances sur les impacts des JHA peuvent aussi soutenir la prévention dans différents environnements :

  • Les campagnes de sensibilisation et les reportages d’information dans les médias influencent les représentations et les normes sociales entourant les JHA dans la population

3. En ce qui touche les caractéristiques individuelles

Les stratégies préventives visant à sensibiliser les individus aux risques associés aux JHA et à la disponibilité de services d’aide sont parmi les plus répandues. Des initiatives peuvent toutefois viser le développement de compétences personnelles et sociales comme par exemple :

  • Développer le jugement critique face à la pratique des JHA
  • Développer la capacité à demander de l’aide pour soi ou pour les autres
  • Renforcer la capacité à résister à la pression des pairs

Une autre stratégie consiste à cibler et corriger les fausses croyances qu’entretiennent les individus face aux JHA, comme « l’illusion de contrôle » ou le « biais d’attribution », qui sont assez répandus chez les joueurs.

On trouvera plus de détails sur la prévention destinés aux jeunes dans le « Guide d'activités bien joué! ».

Documentation

Dernière mise à jour: 2024-05-14