En cours - Campagne de sensibilisation et de prévention chez les 0-6 ans
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Santé publique de Montréal
Le plomb est un métal grisâtre qui est présent naturellement dans la roche et le sol. Le plomb est aussi utilisé dans certaines industries (ex : fonderies, fabrication de batteries).
On peut ainsi retrouver de faibles traces de plomb un peu partout dans l’environnement, que ce soit dans l’air, le sol, les poussières, les aliments, l’eau et divers produits de consommation.
Le plomb peut entraîner divers effets néfastes sur la santé, notamment sur les systèmes nerveux et cardiovasculaire, les reins et les systèmes gastro-intestinal, reproducteur et hématologique. Ces effets varient selon le niveau d’exposition.
Les intoxications aigues au plomb sont rares de nos jours et surviennent principalement chez des travailleurs exposés à de fortes concentrations de plomb en milieu de travail. Les effets aigus se manifestent par des symptômes gastro-intestinaux et neurologiques, pouvant aller jusqu’au coma et au décès dans les cas les plus sévères.
Le plomb est considéré comme un contaminant sans seuil, c’est-à-dire qu’il n’y a pas de niveau d’exposition sans effets possibles sur la santé. Des études ont démontré que de faibles niveaux d’exposition au plomb étaient associés à certains effets :
Ces effets non spécifiques seraient de faible intensité et associés à une exposition à long terme. Il est important de noter que les effets chroniques du plomb à de faibles niveaux d’exposition ne sont pas susceptibles d’être associés à des symptômes ou des signes cliniques observables. Concernant les effets neurodéveloppementaux chez l’enfant (effets sur le QI ou sur les résultats à des tests neurocomportementaux), il faut également souligner que l’impact du plomb serait relativement faible comparativement à celui d’autres facteurs généralement associés à de tels effets, comme par exemple le QI des parents ou l’environnement (social, culturel, physique, etc.) dans lequel un enfant évolue.
Les nourrissons, les enfants âgés de moins de six ans ainsi que les femmes enceintes et leur fœtus sont considérés comme les groupes les plus vulnérables aux effets néfastes du plomb sur la santé.
Les jeunes enfants absorbent plus efficacement le plomb et sont plus sensibles à ses effets que les adultes en raison de leur cerveau en développement. De plus, les carences nutritionnelles en calcium et en fer semblent accroître le taux d'absorption du plomb et en diminuer le taux d'excrétion chez les enfants. Les jeunes enfants sont aussi plus à risque en raison de leurs comportements (ex. : ramper au sol, porter les mains ou des objets à la bouche) qui les exposent davantage au plomb provenant des poussières (incluant les écailles de vieille peinture) et de divers produits de consommation (ex. : certains jouets ou bijoux pour enfants). Les nourrissons peuvent être plus exposés que les enfants plus âgés, en particulier s’ils sont nourris avec des préparations commerciales de lait (lait concentré, lait en poudre) reconstituées avec de l’eau du robinet. Par ailleurs, le plomb traverse la barrière placentaire, pouvant ainsi atteindre le fœtus en développement.
Les principales voies d’exposition au plomb sont l’inhalation et l’ingestion. Le plomb s’accumule principalement dans les os, et dans une moindre mesure dans les tissus mous (foie, reins, poumons, cerveau). La demi-vie du plomb est d’environ 35 jours dans le sang et de 20 à 30 ans dans les os.
La population est actuellement beaucoup moins exposée au plomb que par le passé. En effet, au cour
s des dernières décennies, l’application de normes plus restrictives a permis d’éliminer pratiquement tout le plomb de l’essence, des boîtes de conserve alimentaire, de la peinture, des soudures de plomberie et d’autres matériaux.
Ces mesures ont entraîné une diminution marquée des plombémies depuis les années 1970 au Canada. Chez les enfants de moins de 6 ans, la plombémie moyenne est passée de près de 20 µg/dL en 1972 à moins de 1 µg/dL en 2015.
GROUPE D'ÂGE | MOYENNE GÉOMÉTRIQUE ΜG/DL (ΜMOL/L) |
95E PERCENTILE ΜG/DL (ΜMOL/L) |
---|---|---|
3 à 5 ans | 0,67 (0,032) | 1,7 (0,082) |
6 à 11 ans | 0,59 (0,029) | 1,3 (0,063) |
12 à 19 ans | 0,54 (0,026) | 1,1 (0,053) |
20 à 39 ans | 0,8 (0,039) | 2,0 (0,097) |
40 à 59 ans | 1,2 (0,058) | 3,2 (0,155) |
60 à 79 ans | 1,5 (0,072) | 3,8 (0,184) |
Total 3 à 79 ans | 0,95 (0,046) | 2,7 (0,13) |
Aujourd’hui, les sources d’exposition au plomb sont principalement l’alimentation, l’eau potable et les poussières (incluant les écailles de vieille peinture). D’autres sources existent telles que certains produits de consommation (ex : maquillage traditionnel Khôl), certaines activités de loisirs (ex : tir récréatif, chasse, artisanat, etc.), les sols ou diverses sources en milieu de travail. Considérant que le plomb est un contaminant sans seuil, il est souhaitable de continuer à réduire l’exposition au plomb aux plus bas niveaux possibles.
L’eau potable produite et distribuée par les réseaux d’aqueduc de l’île de Montréal ne contient pratiquement pas de plomb. Cependant, lorsque l’eau circule dans un raccordement en plomb présent entre certaines résidences et le réseau d’aqueduc municipal, elle peut se charger en plomb. Ce raccordement, appelé entrée de service en plomb (ESP), comprend une section publique (sous la responsabilité de la municipalité) et une section privée (sous la responsabilité du propriétaire de la résidence).
La problématique du plomb dans l’eau potable sur le territoire de l’île Montréal provient principalement des ESP. Les résidences susceptibles d’avoir une ESP sont les immeubles de 8 logements ou moins construits avant 1970. En 2019, la Ville de Montréal estime qu’il resterait environ 50 000 ESP sur son territoire.
La Direction régionale de santé publique de Montréal (DRSP) considère que le risque à la santé est faible. Néanmoins, ce risque pourrait toucher un nombre important d’individus et les connaissances scientifiques invitent à la prudence. En ce sens, l’objectif des autorités de santé publique est de réduire le plus possible le niveau d’exposition au plomb de tous, particulièrement des jeunes enfants et des femmes enceintes. C’est ce qui a motivé Santé Canada à abaisser la concentration maximale acceptable de plomb dans l’eau potable de 10 µg/L à 5 µg/L en 2019.
À noter qu’en raison de leur taille importante, les écoles n’ont pas d’ESP. D’autres éléments de la tuyauterie (ex : robinetterie, fontaines et soudures) peuvent contenir du plomb, mais à des niveaux moindres.
En 2017, la Direction régionale de santé publique de Montréal a mené une étude sur les concentrations de plomb mesurées dans l’eau de 51 écoles. L’étude a permis de démontrer que la consommation d’eau potable à l’école ne contribue pas de façon importante à une augmentation de la plombémie chez les enfants de 5-6 ans des écoles primaires de l’Île-de-Montréal, et que ce sont les concentrations de plomb dans l’eau des résidences avec ESP qui contribuent le plus à la plombémie des enfants.
Pour en savoir plus sur le plomb dans l’eau sur le territoire de l’île de Montréal, vous pouvez consulter les ressources suivantes :
Bien qu’il ait été mentionné précédemment que l’impact du plomb sur la santé (ex : sur les effets neurodéveloppementaux chez l’enfant) soit relativement faible par rapport à d’autres facteurs de risque, il s’agit d’une exposition qui est hautement évitable contrairement à la plupart de ces autres facteurs. Considérant les effets possibles du plomb à de faibles niveaux d’exposition, la pierre angulaire de l’intervention est la prévention de toute exposition évitable, sans égard au niveau de plombémie. De plus, il n’existe pas d’évidence à l’effet que des mesures correctrices puissent prévenir ou renverser les effets néfastes associés à une augmentation de la plombémie, renforçant ainsi l’importance de prévenir cette augmentation en réduisant précocement l’exposition au plomb aux plus bas niveaux possibles.
Les cliniciens sont particulièrement bien placés pour fournir à l’ensemble de leurs patients de l’information quant aux sources possibles d’exposition au plomb et pour leur offrir des conseils préventifs, en particulier auprès des populations plus à risque (femmes enceintes, nourrissons et enfants de moins de 6 ans).
Pour plus d’information sur les mesures pour réduire l’exposition au plomb en fonction de différentes sources potentielles, veuillez-vous référer aux ressources suivantes
Plusieurs organisations de pédiatrie et de santé publique recommandent le dépistage ciblé des enfants de moins de 6 ans à risque d’exposition au plomb. Pour les indications de dépistage, veuillez vous référer aux recommandations de la Société canadienne de pédiatrie et de l’ABCdaire de l’Hôpital Sainte-Justine.
L’intoxication au plomb est une maladie à déclaration obligatoire (MADO) en vertu de la Loi sur la santé publique. Les laboratoires sont tenus de déclarer à la Direction régionale de santé publique de Montréal les plombémies > 0,25 µmol/L (5,2 µg/dL) chez les enfants et > 0,5 µmol/L (10,4 µg/dL) chez les adultes. Les médecins doivent quant à eux déclarer toute atteinte des systèmes cardiovasculaire, digestif, hématopoïétique, urinaire, respiratoire ou neurologique lorsqu’ils ont des motifs sérieux de croire que cette atteinte est consécutive à une exposition au plomb d’origine environnementale ou professionnelle.
Dernière mise à jour: 2024-10-11