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Centre intégré universitaire
de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal

DRSP - Maladie à virus Ébola (MVE)

Information générale

Situation actuelle

Depuis mai 2018, une éclosion de la maladie à virus Ébola (MVE) sévit en République démocratique du Congo (DRC). Les autorités sanitaires sont confrontées à de nombreux défis (violences armées, résistance d'une partie de la population) dans leur lutte contre la transmission de cette maladie à la population, malgré le fait que plusieurs milliers de personnes ont reçu le tout nouveau vaccin expérimental jugé très efficace. Avec l'apparition d'un premier cas à Goma, grande ville de l'est de la République démocratique du Congo, l'OMS a élevé l'éclosion de la MVE au rang d'urgence sanitaire mondiale en date du 17 juillet 2019. Ce qui inquiète les autorités c'est que Goma est peuplée de 1,1 million d'habitants et se situe à la frontière avec le Rwanda et l'Ouganda. La ville dispose de liaisons aériennes avec l'Ouganda, l'Éthiopie et Kinshasa.

Conseils pour les voyageurs

Le risque d’importation ou de transmission de l’infection au Québec est jugé très faible.

Les voyageurs qui courent un risque d’être exposés à la MVE sont ceux qui participent à des activités susceptibles de les mettre en contact avec le sang ou les liquides corporels infectés d’une personne atteinte de la MVE, par exemple lors d’une prestation de soins de santé, d’une participation à une cérémonie d’inhumation ou d’un contact sexuel. Être en contact avec des d’animaux infectés par la MVE dans les régions touchées, par exemple en consommant de la viande de brousse, met également à risque les voyageurs.

Caractéristiques microbiologiques et épidémiologiques du virus

Période d’incubation
Elle peut s’étendre de 2 à 21 jours, mais sa durée habituelle est de 8 à 10 jours.

Période de contagiosité
La période de contagiosité débute avec l’apparition des symptômes. Le risque de transmission augmente avec la progression de la maladie (les plus hautes concentrations de virus sont notées tardivement dans l’évolution de la maladie) et persiste aussi longtemps que le virus est présent dans le sang ou les autres liquides organiques, incluant la période suivant le décès. Le virus Ebola peut être retrouvé dans plusieurs liquides organiques durant la période aiguë (ex. : sang, selles, vomissements, urine, salive, larmes, lait maternel) et durant la période de convalescence de la maladie (ex. : sperme, plus de 90 jours après le début de la maladie, lait maternel – voir figure 1).

Figure 1 : Détection du virus Ebola dans différents liquides biologiques

Évolution de la maladie

Les patients ayant une infection fatale présentent rapidement un tableau clinique grave et décèdent de complications (ex. : défaillance de plusieurs organes, hypovolémie avec choc) entre les jours 6 et 16. Les patients ayant une infection non fatale s’améliorent entre les jours 6 et 11. Ces derniers présentent une réponse immunitaire humorale associée à une réponse inflammatoire rapide et intense se manifestant par de hautes concentrations de cytokines. La convalescence est longue et s’accompagne souvent de séquelles comme la myélite, l’hépatite récurrente, la psychose ou l’uvéite.

Transmission

Le virus Ebola se transmet de personne à personne :

  • Par contact direct (ex. : peau lésée, plaie ou muqueuse) avec les liquides organiques (ex. : sang, selles, salive, urine, sperme) d’une personne infectée (vivante ou décédée); la transmission par contact direct inclut la transmission par gouttelettes (projection sur les muqueuses des yeux, du nez ou de la bouche); 
  • Par contact indirect (ex. : peau lésée, plaie ou muqueuse) avec des objets (ex. : aiguilles), surfaces, vêtements ou literie contaminés par le sang ou par les liquides organiques d’une personne infectée (vivante ou décédée);
  • Possiblement par voie aérienne en cas d’atteinte pulmonaire ou lors de manœuvres générant des aérosols.

Traitement

Les personnes atteintes devraient être soignées dans un centre hospitalier spécialisé pour assurer une prise en charge adéquate et des soins appropriés (maintien de la tension artérielle, de l'équilibre électrolytique et de la fonction des organes, mise en place des mesures de prévention et contrôle appropriées pour cette maladie).
Il n'existe actuellement aucun traitement homologué par Santé Canada contre la MVE. Cependant, plusieurs solutions thérapeutiques expérimentales, notamment des antiviraux, des anticorps monoclonaux et un vaccin sont en cours d'étude.
Si un cas confirmé survient au Canada, l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC), en coordination avec la province ou le territoire, fournira des conseils au médecin traitant concernant l'accès aux produits expérimentaux, dont les anticorps monoclonaux et le vaccin, au moyen du mécanisme réglementaire approprié.

Programmes et interventions

Évaluation clinique d'un cas suspecté être atteint de la MVE

Voir Mise à jour MVE 2019

Le triage et l’évaluation clinique d’un patient sont essentiels pour déterminer s’il répond à la définition de cas suspect ; ce dernier doit répondre à au moins un des critères cliniques et un des critères épidémiologiques. Cette évaluation doit être effectuée le plus rapidement possible afin de mettre en place les mesures de prévention et de contrôle requises, donner les soins appropriés au patient et assurer la gestion des demandes d’analyses de laboratoire. Se référer au document de l’INSPQ intitulé : Maladie à virus Ebola : mesures de prévention et de contrôle pour les hôpitaux (2014) pour les recommandations quant au triage, à l’évaluation médicale et à l’hospitalisation et aux mesures de protection appropriées.

1. S’informer sur la situation épidémiologique

Pour connaitre la situation épidémiologique actuelle, consultez le site Web de l’OMS :

2. Triage

Si le patient :

1)  présente une fièvre (T° ? 38 °C) objective ou subjective à début soudain 

OU 

des symptômes compatibles avec une MVE (tels que : diarrhées, vomissements, hémorragies) OU une combinaison de symptômes non spécifiques (tels que : fatigue, faiblesse, céphalée, douleur abdominale, myalgies, arthralgies, etc.) 

ET 

2) provient d’une zone à risque pour la maladie à virus Ebola depuis moins de 21 jours 

OU 

a été en contact avec un cas confirmé de maladie à virus Ebola depuis moins de 21 jours. 

Il est recommandé :

  • d’isoler le patient dans une pièce fermée avec ou sans pression négative;
  • d’appliquer les précautions additionnelles contre la transmission par contact et par voie aérienne; 
  • de faire évaluer rapidement le patient par un médecin.

3. Évaluer s’il s’agit d’un cas suspect avec le soutien de la Direction régionale de santé publique

La personne doit répondre à des critères cliniques et à des critères épidémiologiques (voir tableau synthèse ci-joint).

Pour du soutien à cette évaluation, consulter sans tarder le médecin de garde en maladies infectieuses à la Direction régionale de santé publique du CIUSSS Centre-Sud de l’île-de-Montréal en composant le 514 528-2400 (24 h/7 jours)

Si la personne répond aux critères, il faudra aviser sans délai : 

  • le médecin microbiologiste-infectiologue de garde;
  • l’équipe locale de prévention et contrôle des infections;
  • le directeur médical du Laboratoire de santé publique du Québec (LSPQ).

4. Avant de procéder aux prélèvements de spécimens

Le directeur médical du LSPQ organise une conférence téléphonique avec les personnes suivantes avant de décider d’acheminer un spécimen pour la recherche du virus Ebola :

  • le médecin traitant et le médecin microbiologiste-infectiologue de garde;
  • le directeur régional de santé publique ou son représentant;
  • le directeur national de santé publique ou le directeur de la protection de la santé publique.

Procéder au prélèvement de spécimens en milieu hospitalier en utilisant le Guide des services — Recherche du virus Ebola par détection d’acides nucléiques (LSPQ).

Dernière mise à jour: 2024-10-11